Notre culture privilégie les hiérarchies
La différence est ce qui prime entre les êtres humains, nous sommes tous uniques et différents les uns des autres. Bien sûr, nous pouvons créer des catégories et distinguer les personnes en fonction de critères physiques, moraux ou psychologiques, mais la différence reste présente au sein d’une catégorie créée. La multiplicité des modèles descriptifs des personnalités montre une des limites de l’exercice.
Mais l’existence de différence ne devrait pas nécessairement se traduire en l’existence d’une hiérarchie. Ce qui pose problème dans les fonctionnements des groupes c’est que la différence se transforme en hiérarchie ce qui va permettre permet l’existence de privilèges, de jeux de pouvoir, de conflits de personnes, de harcèlement. La parole de X vaudra plus que la parole de Y, la décision seront donc prise en fonction de l’avis de X. Le travail de X vaut plus que le travail de Y.
Pourtant, différent ne veut pas dire supérieur, différent ne veut pas dire inférieur. Une personne qui est en surpoids n’a pas moins de valeur qu’une personne mince. Elle est une personne humaine, avec des caractéristiques propres à la variabilité de l’espèce humaine. Elle aura en revanche de grandes chances d’être considérée négativement, comme ayant moins de valeur que la personne mince. Nous serons de plus capables de justifier cette différence de valeur avec des arguments qui peuvent facilement paraître justes : elle n’a pas la volonté suffisante pour maintenir son poids, faire le sport nécessaire, elle ne fait pas attention à ce qu’elle mange, elle ne sait pas s’alimenter correctement… Toutes les formes de différences sont justifiées par des arguments qui peuvent être déconstruits, pour peu que l’on prenne la peine de le faire.
Dans nos manières de voir le monde, dans la culture dans laquelle nous vivons, dans les cultures d’entreprises, les différences se traduisent en supériorité et permettent les jeux de pouvoir, l’exploitation, le racisme, la phallocratie. C’est le passage de la conscience de la différence à la valorisation de la différence selon des échelles de valeur posées par la société, généralement admises et non régulièrement remises en causes par le groupe vivant qui y est soumis qui pose problème.